Pour vous faire du bien, faites du bien à quelqu’un d’autre

Pour vous faire du bien, faites du bien à quelqu’un d’autre

20/05/2021 0 Par Stéphanie

Vous passez une mauvaise journée ? Votre moral est en berne ? Ou vous avez juste besoin d’un petit shoot de bonheur ? Dans ces cas là, on vous dit généralement qu’il faut prendre soin de vous. Et si prendre soin des autres était plus efficace ? C’est contre-intuitif, mais Dr Milla Titova, de l’Université du Missouri vient de réaliser cinq études qui montrent que, pour vous faire du bien, il vaut mieux faire du bien à quelqu’un d’autre.

Qu’est-ce qui est le plus efficace pour vous faire du bien ?

Dans l’une de ses expériences, Milla Titova a mesuré le niveau de satisfaction exprimé par ses participants concernant quatre de leurs besoins psychologiques de base. Il s’agissait de leur niveau de bonheur, leur sentiment d’autonomie, leur sentiment de compétence et leurs liens sociaux. Puis, de manière aléatoire, elle leur a assigné des tâches.

  • Ils devaient faire quelque chose qui leur faisait plaisir,
  • ou faire quelque chose qui faisait plaisir à une autre personne,
  • ou encore avoir des interactions sociales.

A la fin de la journée, elle a mesuré à nouveau leur niveau de satisfaction. Ceux qui avaient fait quelque chose pour faire plaisir à une autre personne étaient beaucoup plus heureux que les autres. Son résultat est cohérent avec d’autres recherches qui avaient déterminé que donner rend heureux.

Vouloir nous faire du bien à nous-même peut même nous desservir

Iris B. Mauss de l’Université de Denver et son équipe ont mis à jour un étrange phénomène. Si votre propre bien-être et votre propre bonheur a trop d’importance pour vous, vous risquez d’être déçu.

En effet, si vous avez trop d’attentes concernant votre propre bonheur, vous réagirez plus mal à un stress peu important, du type de ceux qui sont courants dans la vie quotidienne. Vous aurez donc tendance à être moins heureux qu’une personne qui a moins d’attentes concernant son propre bonheur. Et pire encore, vous risquez de moins apprécier les bonnes choses qui vous arrivent.

Dans ces deux cas, il semblerait qu’avoir trop d’attentes concernant votre bonheur personnel vous conduise à être davantage déçu concernant l’intensité de vos propres émotions positives. Ceci a pour effet de vous rendre moins heureux que vous auriez pu l’être si vous n’étiez pas autant focalisé sur votre propre bien-être et votre propre bonheur.

Faire du bien à quelqu’un d’autre nous rend heureux, même si l’autre ne l’est pas

La chercheuse a montré que ce n’est pas la joie de la personne à qui nous avons rendu service qui déteint sur nous. Car l’effet positif demeure, même si l’autre n’est que moyennement heureux après notre intervention. Par contre, l’effet est corrélé à la conviction que nous avons d’avoir fait du bien à l’autre, de lui avoir rendu la vie plus facile ou plus agréable, ou de l’avoir aidé. Le bonheur que nous gagnons pour nous-même quand nous faisons plaisir à quelqu’un d’autre est donc lié à quelque chose en nous, et non pas à la récompense qu’on peut obtenir. Si nous pensons avoir permis que l’autre se sente mieux, cela suffit à nous rendre heureux.

Faire du bien à quelqu’un qu’on ne connaît pas, ça marche aussi ?

Dans une autre étude, Milla Titova a donné, à des gens qui stationnaient leur voiture, des pièces qu’ils pouvaient

  • soit garder,
  • soit mettre dans leur parcmètre,
  • soit mettre dans le parcmètre de quelqu’un d’autre.
  • Parmi ceux qui mettaient de l’argent dans le parcmètre de quelqu’un d’autre, elle demandait à certains de mettre en plus un petit mot sur le par-brise pour dire ce qu’ils avaient fait.

Ceux qui ont alimenté le parcmètre d’une personne inconnue étaient beaucoup plus heureux que les autres. Ce niveau de bonheur était plus important encore quand ils avaient laissé un mot sur le par-brise. Il se peut que ce surcroît de bonheur provienne du sentiment de connexion à l’autre que ce petit mot établit. Ou de la gratitude qu’on imagine recevoir de l’autre. Ou encore parce que ce petit mot constitue un don supplémentaire. La chercheuse n’en a pas encore établi la raison.

Toutefois, elle a établi

  • qu’on est plus heureux quand on fait plaisir à quelqu’un d’autre qu’à nous-même,
  • qu’il n’est pas nécessaire que la personne à qui on fait plaisir soit un proche,
  • ni même qu’on la connaisse
  • ou qu’on la rencontre en personne.

Conclusion

Ainsi, faire plaisir à quelqu’un d’autre est un puissant moyen de se remonter le moral ou d’être plus heureux. D’abord parce que cela nous connecte à une autre personne, qu’on la connaisse ou pas, et qu’on la rencontre ou pas. On a juste le sentiment d’appartenir davantage à la communauté humaine.

En rendant service à quelqu’un d’autre, cela augmente aussi notre impression de pouvoir agir sur le monde, d’être capable de faire des choses qui ont de la valeur, et d’être capable de le faire par nos propres moyens. Cela a de l’importance pour nous redynamiser et nous donner envie d’agir sur d’autres choses dans notre vie.

Chercher à se faire plaisir soi-même ne répond qu’à l’un de nos besoins psychologiques de base : notre niveau de bonheur personnel perçu. Alors que faire plaisir à quelqu’un d’autre répond à quatre de nos besoins psychologiques à la fois. En effet, cela agit sur notre sentiment de connexion aux autres, et sur notre sentiment de compétence et d’autonomie. L’ensemble agit sur notre niveau de bonheur personnel. Alors, qu’attendez-vous pour essayer ?

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Image par Klimkin – Pixabay