Comment gérer l’anxiété liée au COVID-19 ?
Comment gérer l’anxiété liée au COVID-19, ou, d’une manière générale, comment faire bon usage des informations déversées par les médias ?
Un flot continu d’informations qu’on ne peut pas éviter
Qu’on écoute la radio, qu’on regarde la télé, qu’on surfe sur le net et les réseaux sociaux, ou simplement si on ouvre notre boite mail, on est confrontés à un flux sans fin d’informations anxiogènes : la progression du virus, le nombre de morts, la mauvaise gestion de la crise etc. Comment faire pour garder le moral face à tout ça ?
On ne peut pas juste éteindre tous les appareils et faire l’autruche. Car il nous faut savoir où en est la crise : quels risques on encourt, quelles sont les décisions de notre gouvernement et quels sont les dernières connaissances sur le virus. Nous avons besoin de ces informations pour nous assurer qu’on met bien en place les procédures de protection adaptées.
Les risques de l’exposition constante à des mauvaises nouvelles
Mais l’exposition constante à des mauvaise nouvelles a des effets délétères à long terme sur notre santé et notre vie, et également sur le bon fonctionnement de la société. C’est ce que montre la méta-étude publiée par Dana Rose Garfield et ses collègues.
Les effets directs sont une augmentation de l’anxiété qui modifie les comportements pendant la crise (avec une frénésie de stockage alimentaire, par exemple) et après la crise, avec une augmentation du niveau global de stress et un recours amplifié et inapproprié au système de santé.
De plus, les conséquences physiques et psychologiques perdurent jusqu’à 3 ans après la crise et incluent :
- une moins bonne santé
- une augmentation des douleurs et des handicaps
- une baisse de qualité de vie
- une augmentation du risque de mortalité, toutes causes confondues
- une augmentation des troubles psychiques
- la dépression
- l’anxiété
- l’augmentation des conflits familiaux
- une réduction des comportements altruistes
Comment gérer l’anxiété liée au COVID-19 : Bien choisir sa source d’information.
Trop d’informations
La couverture médiatique a naturellement tendance au sensationnalisme. Pour assurer des ventes, elle se sert d’un biais cognitif de notre cerveau. Lorsque nous étions des hommes préhistoriques, notre capacité à repérer le danger était essentielle à notre survie. Notre attention est donc facilement attirée par les informations inquiétantes. Elle est monopolisée par cela, et en redemande !
Mais l’exposition à des messages choc et à des images inquiétantes inactive notre capacité à être rationnels. Elles nous font réagir émotionnellement, et la manique monte. Si le flux d’informations de ce type est fréquent et durable, elle affecte notre vision du monde et notre capacité à prendre des décisions.
Pas assez d’informations
De même, lorsque les informations sont absentes, incomplètes ou incohérentes, les rumeurs et l’imagination entrent en action. En conséquence, l’anxiété et les comportements inadéquats augmentent en même temps que la détresse psychologique.
Au contraire, il a été montré qu’en présence d’informations factuelles et complètes, les gens ont une perception juste des risques encourus, et ont un comportement adapté (Fischhoff, Wong-Parodi, Garfin, Holman, & Silver, 2018)
Prisonnier de son point de vue
Mais nous avons une autre faiblesse face à ce flux d’informations : le biais de confirmation. C’est-à-dire que, lorsque nous avons développé une opinion ou que nous avons une croyance sur un sujet donné, nous avons tendance à ne remarquer que les éléments qui confirment notre opinion, en ignorant les autres. Nous devenons alors prisonniers de notre point de vue que nous entretenons sans relâche, au lieu d’être à la recherche d’informations objectives afin de nous adapter à la situation réelle.
Comment gérer l’anxiété liée au COVID-19 : Comment faire un bon usage des médias ?
Bien choisir sa source d’information
Bien choisir sa source d’informations est donc un élément clé pour gérer la crise au mieux.
- Choisissez des médias fiables qui diffusent un contenu factuel.
- Évitez ceux qui diffusent des images de panique à l’hôpital et des témoignages dramatiques de victimes en larmes.
- Préférez les articles de presse, radio ou podcasts pour éviter l’émotion due aux images.
- Limitez votre prise d’information à une fois par jour.
- Limitez votre usage des réseaux sociaux qui relayent en boucle des faits parfois douteux, et qui viennent confirmer ce que vous croyez déjà.
- Et surtout, croisez les informations et VERIFIEZ LES SOURCES pour vous assurer de leur fiabilité.
Faites une utilisation différente des médias :
- Utilisez les réseaux sociaux pour prendre des nouvelles de vos amis et de vos proches.
- Constatez que vous n’êtes pas les seuls dans votre situation (confiné seul, ou avec vos enfants, ou sans revenu, ou débordé par le télétravail).
- Utilisez les réseaux sociaux ou Internet pour partager votre expérience ou voir quelles solutions les autres ont mis en place chez eux.
- Ne vous contentez pas des informations instantanées superficielles. Lisez des articles de fond, qui analysent un problème et proposent des solutions.
- Soyez attentifs à TOUS les faits, pas seulement ceux qui confirment votre opinion.
- Recherchez les informations sur des actions mises en route, qui sont porteuses d’espoir ou qui ont abouti à un succès.
Comment gérer l’anxiété liée au COVID-19, conclusion.
Faire bon usage des médias est une question plus aiguë pendant la crise sanitaire. Mais elle se pose en tout temps. En effet, choisir ce que nous laissons entrer ou pas dans notre cerveau et donc dans nos vies est devenu, plus que jamais, une nécessité.
Plus nous allons nourrir notre cerveau avec des informations fiables et objectives, plus nous serons capables de comprendre le monde tel qu’il est, de prendre de bonnes décisions et de nous adapter. Et plus nous serons informés plutôt qu’effrayés, plus nous serons capables de créer du lien avec les autres. Plus nous choisirons de connaître le fond des sujets plutôt que l’aspect sensationnel, plus nous serons capables d’exercer notre bon jugement et notre liberté de penser. Et plus nous choisirons de nous informer sur les solutions possibles, plus nous serons capables de nous projeter dans l’avenir et d’agir efficacement.
Restez positifs !
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Image par Mohamed Hassan – Pixabay