Savez-vous écouter vraiment ?

Savez-vous écouter vraiment ?

18/02/2020 1 Par Stéphanie

Savez-vous écouter ? Quand vous écoutez, est-ce que vous écoutez vraiment ? Peut-être avez-vous l’esprit ailleurs pendant que l’autre parle. Ou peut-être que vous l’écoutez juste assez pour être capable de répondre, de faire la conversation, ou de trouver l’occasion de parler à votre tour. Ecoutez-vous d’une oreille en réfléchissant à la réponse que vous allez faire ?

Certains vous écoutent pour chercher des arguments, ou pour vous donner des conseils, ou encore pour trouver dans ce que vous dites des munitions pour « gagner » la discussion. Pendant ce temps, ils ne sont pas concentrés sur ce que vous dites. Pire encore, peut-être vous écoute-t-on pour pouvoir ensuite vous juger.

Nous le faisons tous…

Dans notre quotidien, nous pratiquons tous ces simulacres d’écoute sans même nous en rendre compte :

  • Vous avez un enfant qui se plaint d’être tout le temps puni à l’école ? Vous lui répondez qu’il n’a qu’à améliorer son comportement. Avez-vous seulement pris le temps de l’écouter vraiment ? Etes-vous sûr qu’il n’est pas puni parfois injustement ?
  • Votre femme vous raconte sa journée. Vous écoutez les deux premières minutes, puis votre attention dévie vers la télévision. Finalement, elle vous rappelle à l’ordre « tu m’écoutes, oui ! » et elle part, vexée par votre manque d’attention.
  • Votre conjoint vous explique comment son patron lui a refusé une augmentation. Vous l’écoutez juste assez pour pouvoir lui reprocher de s’y être mal pris, parce que vous lui en voulez encore pour le reproche qu’il vous a fait hier soir.
  • Un collègue que vous n’aimez pas parle d’un dossier compliqué. Vous cherchez dans ce qu’il dit le moyen de dénoncer son incompétence, histoire de lui clouer le bec, à ce crétin arrogant !
  • Aujourd’hui, vous avez passé une mauvaise journée. Vous écoutez votre conjoint en espérant une gratification, un témoignage d’affection ou un mot d’amour pour vous remonter le moral.

Pourquoi nous n’écoutons pas vraiment.

Notre esprit est occupé par nos propres préoccupations :

  • nos problèmes
  • nos sentiments
  • notre désir de recevoir des marques de reconnaissance ou d’affection
  • notre mauvaise opinion de notre interlocuteur, notre jalousie, notre colère
  • ou au contraire, notre besoin de gratification
  • notre besoin de gagner, de « damer le pion » à l’autre
  • ce qu’on veut obtenir de l’autre
  • notre besoin de paraître intelligent ou amusant, de briller dans la discussion

Nous voulons trouver une solution aux problèmes de l’autre.

Au lieu de l’écouter, nous le bombardons de questions. Nous interprétons sa situation à travers nos propres filtres. Et portons un jugement sur la personne (ex : trop timide), la cause (ex : le système) et la situation (ex : cause perdue). Puis nous lui proposons des solutions.

Ensuite, la conversation devient un débat pendant lequel l’autre explique pourquoi vos solutions ne lui conviennent pas. Mais vous contre-argumentez, proposez d’autres solutions également inadéquates, et finissez agacé avec l’impression qu’il ne veut pas vraiment s’en sortir. Et lui se sent seul et dévalorisé par votre jugement.

Pourtant, nous faisons cela avec une réelle intention d’aider. Mais la souffrance de l’autre nous met mal à l’aise. C’est pourquoi nous ne supportons pas de nous y confronter. Et nous avons peur de ne pas trouver les mots. De plus, nous sommes gênés par les silences dont l’autre a besoin pour préciser sa pensée. De ce fait, nous proposons immédiatement des solutions.

C’est ainsi que, alors même qu’on parle ensemble, on se sent seul, parce que personne n’écoute véritablement. Si bien que le manque d’écoute véritable dans la société provoque le sentiment de solitude et les malentendus qui pourrissent nos relations.

Le besoin d’être écouté.

Il n’y a pas que les personnes qui vont mal qui ont besoin d’être écoutées. Nous en avons tous besoin, chaque jour. On peut avoir besoin d’être écouté parce qu’on veut réfléchir à un projet, parce qu’on aimerait partager son enthousiasme, parce qu’on est amoureux ou qu’on a vécu une expérience forte. Peut-être que nous avons passé une journée intense, et qu’en parler va permettre de calmer nos émotions, ou que la partager augmente le plaisir qu’on en tire. On peut vouloir partager un rêve sans que l’autre le casse par un « tu n’y arriveras jamais » péremptoire. Bref, on a tous besoin d’être respectés et entendus.

Comment écouter vraiment ?

Voici les 11 clés pour une écoute véritable.

Laissez votre ego au vestiaire.

Il ne s’agit pas ici de briller, de gagner, ni d’occuper le terrain. Faites taire toutes les préoccupations sur lesquelles votre esprit tourne. Ne comparez pas ce que l’autre vous dit à votre propre vie ou à vos expériences passées. Soyez humble. Ici, il ne s’agit pas de vous, mais de l’autre.

Ne faites pas autre chose en même temps.

Imaginez vous en train de confier un problème crucial pour vous à une personne qui surfe sur son téléphone portable. Désagréable, n’est-ce pas ? Quand vous écoutez quelqu’un, ne faites pas autre chose en même temps. Posez votre portable, arrêtez votre vaisselle, éteignez la télévision, et portez toute votre attention sur la personne que vous allez écouter.

N’ayez pas peur de la souffrance de l’autre.

Imaginez un instant l’attitude d’une mère envers son enfant : si l’enfant pleure, elle ne va pas le fuir ni le rejeter. Elle va simplement le prendre dans ses bras. Faites la même chose mentalement : accueillez ce que l’autre veut vous dire. C’est le meilleur moyen de le soulager.

N’ayez pas peur des silences.

Ils sont nécessaires à celui qui se confie pour observer ce qu’il ressent, et pour approfondir sa pensée. Ces silences font parie de la conversation. Ecouter l’autre, c’est aussi écouter ses silences et les respecter. Mieux quelqu’un est écouté, mieux il réfléchit.

Reformulez.

Concentrez-vous sur ce que l’autre vous dit, puis, occasionnellement, résumez ses propos avec vos propres mots. Regardez la situation de son point de vue. Ainsi, il saura que vous êtes bien concentré sur ce qu’il dit, et il se sentira compris.

N’essayez pas de trouver des solutions.

Pendant que vous écoutez, ne faites pas tourner votre esprit sur les solutions possibles. Cela réduira votre qualité d’écoute. Et sachez que votre solution ne sera jamais la bonne. Une bonne solution ne peut venir que de celui qui a le problème. Votre qualité d’écoute va l’aider à réfléchir et à élaborer sa propre solution quand il sera prêt à le faire.

Montrez votre empathie.

Regardez l’autre dans les yeux. Montrez que vous écoutez par des hochements de tête. Utilisez vos expressions faciales pour exprimer des émotions en accord avec ce qu’il vous dit. Penchez-vous vers lui pour montrer que vous êtes à l’écoute. Utilisez des mots courts comme « d’accord », « je comprends », « whouah ! ».

Posez des questions.

Sans couper la parole, posez des questions occasionnelles et uniquement à bon escient, pour aider la personne à préciser un point de sa réflexion, ou pour l’approfondir. Quelques exemples :

  • Qu’as-tu ressenti ? Que ressens-tu maintenant ? (pour lui permettre d’approfondir)
  • Quelles sont les qualités et les forces que tu as et sur lesquelles tu peux t’appuyer ? (pour l’aider à trouver des ressources en elle)
  • A ton avis, comment l’autre en est-il arrivé à faire ça ? (Pour l’aider à changer de point de vue)
  • Si c’était moi qui avais ce problème, que me conseillerais-tu ? (Pour lui permettre de prendre de la distance)

Attendez qu’on vous le demande.

Attendez que la personne sollicite votre avis ou vos conseils avant de les donner. Le cas échéant, donnez-les honnêtement, mais avec diplomatie, bienveillance et gentillesse. Ne faites pas de reproches. Ne faites pas la morale. Acceptez que l’autre ne se reconnaisse pas dans vos conseils, et qu’il n’agisse pas en fonction. N’oubliez pas qu’il fait son propre chemin pour trouver ses propres solutions. Vous ne faites que l’aider à réfléchir. Peut-être ne vous demandera-t-il pas de conseil. Acceptez-le.

Demandez des nouvelles.

Après votre conversation, il est important de montrer à l’autre que sa situation vous tient à cœur en demandant des nouvelles de temps en temps. Ne soyez pas trop envahissant ou insistant (avec des sms tous les jours, par exemple), ne mettez pas la pression (tu l’as pas encore jeté, ton mec ?!), mais restez présent en toute bienveillance.

Silence.

Par la suite, ne trahissez jamais les confidences qui vous ont été faites, en parlant à quelqu’un d’autre ou en réutilisant ce qui a été dit sans l’accord de la personne. La confiance est le ciment de la relation. Ne la détruisez pas en faisant ce que vous n’aimeriez pas que l’on vous fasse. Ainsi, vous rendrez votre relation meilleure, vous permettrez à l’autre de se confier à nouveau à vous si nécessaire, et vous bénéficierez peut-être à votre tour de l’écoute dont vous aurez besoin.

Pour conclure, un joli texte qui résume bien ce propos.

Quand je te demande de m’écouter et que tu commences à me donner des conseils, tu n’as pas fait ce que je te demandais.

Quand je te demande de m’écouter et que tu commences à me dire pourquoi je ne devrais pas ressentir cela, tu bafoues mes sentiments.

Quand je te demande de m’écouter et que tu sens que tu dois faire quelque chose pour résoudre mon problème, tu m’as fait défaut, aussi étrange que cela puisse paraître.

Écoute, tout ce que je te demande, c’est que tu m’écoutes. Non que tu parles ou que tu fasses quelque chose : je te demande uniquement de m’écouter.

Les conseils sont bon marché, pour quelques sous, j’aurai dans le même journal, le courrier du cœur et mon horoscope.

Je veux agir par moi-même, je ne suis pas impuissant, peut-être un peu découragé ou hésitant, mais non impotent.

Quand tu fais quelque chose pour moi, que je peux et ai besoin de faire moi-même, tu contribues à ma peur, tu accentues mon inadéquation.

Mais quand tu acceptes comme un simple fait que je ressens ce que je ressens (peu importe la rationalité) je peux arrêter de te convaincre, et je peux essayer de commencer à comprendre ce qu’il y a derrière ces sentiments irrationnels.

Lorsque c’est clair, les réponses deviennent évidentes et je n’ai pas besoin de conseils.

Les sentiments irrationnels deviennent intelligibles quand nous comprenons ce qu’il y a derrière.

Peut-être est-ce pour cela que la prière marche, parfois, pour quelques personnes, car Dieu est muet.

Il ou Elle ne donne pas de conseils. Il ou Elle n’essaye pas d’arranger les choses. Ils écoutent simplement et te laissent résoudre le problème toi-même.

Alors, s’il te plaît, écoute et entends-moi. Et si tu veux parler, attends juste un instant et je t’écouterai.

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Photo par Melanie Schwolert – Pixabay