Envie de vous plaindre ? Lisez ceci.

Envie de vous plaindre ? Lisez ceci.

04/08/2021 0 Par Stéphanie

S’il est bon d’identifier les choses qui nous pèsent ou nous nuisent, se plaindre de manière répétitive nous enferme dans nos frustrations. Nous ruminons. Nous pouvons ainsi saper notre propre énergie, ruiner notre moral et lasser notre entourage qui risque alors de nous délaisser. Si on poursuit ce comportement trop longtemps, le risque est fort, à terme, de souffrir de solitude et de dépression. Alors, envie de vous plaindre ? Ce petit exercice va vous faire voir la vie autrement !

Pourquoi se plaint-on ?

On se plaint parce qu’on se sent victime d’une injustice, parce qu’on a des souffrances et des problèmes, et que s’en plaindre permet de soulager la pression que cette situation a fait monter en nous. Cela nous permet d’obtenir de l’attention et de la sympathie. Nous avons alors l’impression de nous sentir mieux un instant.

Ce soulagement est certes léger mais immédiat et nécessite peu d’effort, ce qui nous conduit à vouloir le reproduire encore et encore. C’est alors que cela se corse : nous prenons l’habitude de nous plaindre et finissons par le faire sans même nous en rendre compte. Alors qu’en parallèle, nos proches se lassent et finissent par s’éloigner, voire nous rejeter.

Pour éviter cela, il est nécessaire de sortir du comportement de plainte. Attention, cela ne veut pas dire se mettre à jouer la comédie et à dire que tout va bien alors qu’on a envie de se plaindre. Cela veut dire apprendre à regarder autrement les choses qui nous affligent. Ainsi, nous pourrons les exprimer d’une autre manière que par le biais de la plainte. Et peut-être même que certaines de ces choses disparaîtront de notre vie ! Cet exercice est fait pour réaliser ce changement de perspective.

Apprendre à regarder l’autre côté de la médaille

Il vous faut de petites cartes, format bloc-note de téléphone par exemple. Le papier doit être assez épais pour pouvoir écrire sans que l’encre ne soit visible sur l’envers. Il vous faudra aussi un stylo noir et un stylo de couleur, d’une couleur que vous appréciez.

Notez vos plaintes

Fermez les yeux et tentez de vous souvenir : de quoi vous êtes-vous plaint aujourd’hui ? Quels sont les sujets qui vous affligent et vous reviennent en tête sans arrêt ? Quels sont ceux dont vous parlez dès que vous en avez l’occasion ? Notez-en un par carte avec votre stylo noir. Contentez-vous d’un petit nombre pour commencer. Vous pourrez toujours refaire cet exercice à nouveau si vous le souhaitez, avec d’autres sujets de plainte.

Imaginons que ma liste soit la suivante :

  • J’en ai marre, ma voiture est encore tombée en panne !
  • J’ai encore mal au dos, et avec tout ce que j’ai à faire, ça ne va pas s’arranger !
  • Je n’ai jamais de chance. Il ne m’arrive que des tuiles.
  • Mon collègue a eu la promotion, alors que je travaille plus que lui !
  • Mon conjoint n’est pas assez présent.

Mettez vos plaintes à l’envers !

Prenez une de vos cartes, regardez-la et demandez-vous : est-ce qu’il y a quelque chose pour lequel je peux être reconnaissant là-dedans ? Si vous trouver quelque chose qui mérite de la gratitude, notez-le au stylo de couleur de sur l’envers de la carte.

Reprenons mes exemples.

J’en ai marre, ma voiture est encore tombée en panne !

  • Je peux être reconnaissante d’avoir une voiture,
  • qu’elle fonctionne bien la plupart du temps,
  • de connaître une personne compétente qui acceptera de la réparer,
  • d’avoir l’argent nécessaire pour la faire réparer,
  • que les pièces détachées existent encore pour ce modèle de voiture.
  • Je peux être reconnaissante aussi si des amis acceptent de me transporter pour mes rendez-vous essentiels pendant que ma voiture est chez le garagiste,
  • ou s’ils acceptent de faire quelques courses pour moi.
  • Je peux être reconnaissante aussi que le garagiste, ses employés, et mes amis investissent leur temps et leurs efforts pour m’aider à régler mon problème de voiture.

Si je joue le jeu, je remarque ainsi que je dispose d’une richesse matérielle, ma voiture et un peu d’argent, et d’une richesse sociale, les gens qui vont m’aider à résoudre mon problème.

J’ai encore mal au dos, et avec tout ce que j’ai à faire, ça ne va pas s’arranger.

Cela semble difficile de trouver une source de gratitude quand on a un problème de santé. Essayons.

  • Si je suis entourée et que je reçois de l’aide, je peux être reconnaissante pour ça.
  • Je bénéficie d’examens médicaux, de soins, d’une assurance santé, je peux être reconnaissante aussi.
  • Si mon mal de dos ne me fait pas perdre mon emploi, mon revenu ou mon logement, je peux être reconnaissante car je suis protégée.
  • Si je reçois des témoignages de sympathie, des visites, des coups de téléphone aussi.
  • J’ai un endroit confortable où me reposer en attendant de guérir.
  • Et enfin, je peux être reconnaissante d’avoir un corps qui fonctionne encore bien dans l’ensemble, et qui me permet d’être en vie et peut-être même de guérir.
  • Malgré mon mal de dos, mon corps me permet encore de faire et de ressentir beaucoup de choses : lire, regarder la télé, manger, boire, parler avec les gens que j’aime, voir de belles choses, sentir les goûts et les odeurs, etc. Et je peux trouver du plaisir à ces choses malgré mon mal de dos.

Je peux alors me rendre compte que je bénéficie d’une richesse sociale avec tous les gens qui m’aident et prennent des nouvelles. Et d’une certaine protection, d’un confort matériel, et de la santé d’un corps qui va probablement guérir et qui, pour le reste, fonctionne encore plutôt bien. Il me permet de continuer à faire et à apprécier beaucoup de choses.

Je n’ai jamais de chance. Il ne m’arrive que des tuiles.

Jamais de chance, vraiment ? Il y a bien eu des moments dans ma vie où j’ai eu de la chance. Je fais l’effort de m’en rappeler : un examen réussi, un accident évité, de bons amis, etc.

Ainsi, je peux faire la liste de tout ce qui va bien dans ma vie, de toutes les fois où j’ai eu de la chance, de tout ce qui me permet d’être encore en vie aujourd’hui. Je peux aussi faire la liste de mes ressources et des forces que j’ai pour faire face à une occasionnelle malchance. Je suis riche de tout cela.

Mon collègue a eu la promotion, alors que je travaille plus que lui !

Comment avoir de la gratitude quand on se sent victime d’une injustice ? D’abord prendre du recul. Si je me mets dans la peau de mon patron, pourquoi choisi ce collègue plutôt que moi ? Il a peut-être des compétences ou des traits de caractère qui conviennent mieux au poste et qui expliquent la décision de mon patron.

Si je n’en vois pas, et que je suis convaincue qu’il s’agit là vraiment d’une injustice, alors je peux convenir que le monde est parfois injuste, mais que finalement, je ne m’en sors pas si mal malgré tout. Car j’ai des ressources financières, des compétences et une protection sociale.

  • Je peux être reconnaissante simplement d’avoir un travail, la paye et le statut qui va avec,
  • d’avoir des collègues avec qui je m’entends,
  • des compétences pour exercer mon travail,
  • de l’expérience
  • et un CV qui me permettra peut-être de chercher mieux ailleurs si je ne me remets pas de cette injustice.
  • Je peux aussi être reconnaissante pour les droits ouverts par le fait d’avoir un travail
  • je peux prendre des congés maladie
  • et des jours de vacances,
  • j’ai peut-être une mutuelle d’entreprise,
  • et j’ai droit à du chômage si je perds mon emploi.

Mon conjoint n’est pas assez présent

Je suis reconnaissante de ne pas être seule dans la vie, d’avoir un conjoint qui a de nombreuses qualités (je peux les lister).

A présent, concentrez-vous sur votre ressenti

Aviez-vous envisagé les choses sous cet angle avant ? Est-ce que cela change quelque chose dans la manière dont vous vous sentez quand vous pensez à vos problèmes ? Avez-vous l’impression d’avoir pris du recul ? Ressentez-vous davantage d’émotions positives? Ou peut-être de la colère ? Pourquoi ?

Les bénéfices de cet exercice

En retournant mes cartes, je peux visualiser le revers de la médaille : le mauvais, mais aussi le bon côté de ma situation. Cet exercice permet de relativiser ce qui nous pèse, et surtout de voir les choses sous un angle nouveau qui génère davantage d’émotions positives. En effet, la gratitude est un remède puissant contre émotions négatives. Grâce à elle, on passe d’une position de victime à celle d’une personne qui possède des atouts et des richesses. On augmente ainsi notre confiance en nous et notre dynamisme. Cela va s’exprimer dans la manière dont on va parler de nos soucis.

L’exercice peut s’arrêter ici car on est sorti de la plainte. On devient capable de formuler ce qui nous chagrine de manière précise. Au lieu de fuir, nos proches vont peut-être ressentir un certain respect qui va les rapprocher de nous. Comme ils sont confrontés à des problèmes concrets exprimés de manière factuelle, ils seront davantage en mesure de proposer leur aide sur un sujet précis.

Que nous ayons des proches pour nous aider ou pas, exprimer les problèmes de cette manière peut également nous aider à les affronter.

Passer à l’action.

Quand on se plaint, on relâche nos frustrations en cherchant le soutien d’autrui. On pense sans cesse à ce qui ne va pas, on en parle encore et encore, et tout cela sape notre énergie et nous empêche d’agir. La première partie de l’exercice permet de sortir de ce cercle vicieux et de retrouver un peu de dynamisme et le soutien de nos proches. Cette seconde partie d’exercice a pour objectif de nous faire sortir de l’inaction face à ce qui nous met en souffrance.

Dans la première partie de cet exercice, nous avons identifié diverses richesses et ressources dont nous disposons. C’est le moment de les utiliser.

Regardons nos cartes face noire et trions-les en fonction de ce critère : puis-je agir là-dessus ? Une pile pour oui et une pile pour non. Reprenons mes exemples.

J’en ai marre, ma voiture est encore tombée en panne !

Je peux la déposer chez le garagiste demain.

J’ai encore mal au dos, et avec tout ce que j’ai à faire, ce n’est pas près de s’arranger.

  • Je peux aller chez mon médecin et faire un parcours de soin.
  • Je peux solliciter de l’aide,
  • prendre un arrêt de travail,
  • prendre mes médicaments,
  • faire des exercices appropriés,
  • attendre que ça guérisse,
  • apprendre à éviter les gestes et les postures délétères.

Je n’ai jamais de chance. Il ne m’arrive que des tuiles.

  • Je peux reconnaître que j’exagère.
  • Ou je peux chercher les causes de cette malchance : suis-je fatiguée, est-ce que je manque d’argent pour acheter du bon matériel, est-ce que je suis trop stressée ? Si je peux trouver une cause, je peux peut-être agir dessus.
  • Sinon, je peux peut-être agir à un autre niveau. Si j’ai des croyances spirituelles ou religieuses, je peux faire une prière, un rituel, ou méditer sur l’impermanence.

Mon collègue a eu la promotion, alors que je travaille plus que lui !

Je ne peux rien y faire.

Mon conjoint n’est pas assez présent.

Au lieu de me plaindre et de lui en faire le reproche, je peux lui proposer des rendez-vous précis pour faire des activités communes qui lui plairont autant qu’à moi.

Faire le tri

Sur les cartes a pile des « oui, je peux agir dessus », on peut noter en dessous de la plainte notée en noir une action à mettre en place au stylo de couleur. Ces actions peuvent alors passer directement dans notre liste des choses à faire. Agir et régler certains problèmes contribuera à augmenter notre confiance en nous, et surtout à améliorer notre qualité de vie.

La pile des « non, je ne peux rien y faire » devra être traités comme des leçons d’humilité et de lâcher prise.

Comment changer durablement d’état d’esprit.

Pratiquer cet exercice une seule fois peut déjà nous apporter de grands bénéfices. Mais adjoindre à cette pratique la force de l’habitude décuple son potentiel. Si, quand nous avons envie de nous plaindre, nous prenons l’habitude d’examiner aussi la situation qui nous chagrine sous l’angle de la gratitude, nous allons peu à peu devenir plus heureux.

On peut donc répéter cet exercice plusieurs fois sur quelques semaines. Ensuite, il suffira d’un simple rappel pour faire basculer notre point de vue de la plainte à la gratitude. On peut choisir un bracelet ou une bague, par exemple, qu’on change de main quand on se surprend en train de se plaindre. L’objectif étant de garder le bijou du même côté le plus longtemps possible.

Conclusion

Se plaindre est une manière de relâcher la pression engendrée par la frustration et la peine. C’est aussi une manière de demander de l’amour et de l’aide, pour que l’autre nous facilite la vie. Et c’est un moyen de procrastiner.

Dans tous les cas, passer de la plainte à la gratitude va améliorer notre moral et nous faire passer d’une impression de tristesse, d’impuissance et de manque à un sentiment de gratitude, de confiance en nous et de puissance sur notre vie.

On va ainsi apprendre à exprimer nos difficultés de manière plus précise et concrètes, ce qui va certainement améliorer la communication avec nos proches. Même s’il ne s’agit pas de choses matérielles, il vaut mieux exprimer nos besoins plutôt que nous plaindre de ce qui nous manque. Au lieu de dire « personne ne va penser à moi pour mon anniversaire », dites « j’ai envie de fêter mon anniversaire en bonne compagnie », et organisez vous-même la fête !

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Photo par Muhammad Ridha- Pixabay