Comment aller bien quand le monde va mal ?

Comment aller bien quand le monde va mal ?

17/02/2021 0 Par Stéphanie

Ça fait un an ! Maintenant, nombreux sont ceux qui sont convaincus que c’est parti pour durer : la maladie, les privations de liberté, la crise économique… 65 % des français sont convaincus que leur niveau de vie va baisser, et 20 % d’entre eux souffrent désormais de dépression ou de troubles anxieux. Comment aller bien quand le monde va mal, et que cela impacte personnellement la plupart d’entre nous ?

Est-ce possible d’aller bien quand le monde va mal ?

C’est évident pour certains…

Comme le montre le rapport d’Oxfam publié le 25 janvier dernier, les plus riches ont vu leur fortune augmenter de 3900 milliards de dollars en 2020. Et pour les autres ? Toujours selon ce rapport, il faudra plus de 10 ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques de cette crise.

… mais est-ce possible pour nous ?

Nous, c’est-à-dire l’immense majorité de la population, qui ne bénéficions pas d’une fortune importante ou d’une situation protégée. Nous anticipons que notre vie va devenir plus difficile qu’elle ne l’est déjà. Et cet horizon qui se referme, c’est très mauvais pour notre moral.

Et pourtant, lorsque les temps sont difficiles, il est primordial de ne pas ajouter de la difficulté à la difficulté : évitons autant que possible de nous infliger une souffrance morale en plus des problèmes auxquels nous aurons à faire face. Ce n’est pas une tâche aisée, mais il y a quelques pistes qui permettent d’aller bien quand le monde va mal, ou du moins de conserver un niveau de bonheur acceptable.

Comment faire pour aller bien quand le monde va mal ?

Revenir aux basiques.

N’avez-vous jamais eu l’impression de déprimer alors que vous étiez très fatigué ? Garder le moral est bien plus facile si vos besoins physiologiques sont satisfaits : dormir suffisamment, manger et boire sainement, bouger, et ne pas souffrir du froid. Certains ont du mal à dormir ou à manger quand le stress s’installe, mais ne désespérez pas, et rendez-vous ici. Vous y trouverez de nombreux articles qui vous aideront à gérer votre stress.

Regarder les faits.

Dédramatiser

Aujourd’hui, à cet instant, quelle est ma situation ? Il s’agit de tenter de détacher les faits des projections que nous faisons. Nous savons que le monde va mal, et cela nous amène à envisager tout ce qui risque d’aller mal pour nous. Nous imaginons alors notre situation sous un angle dramatique. C’est un mécanisme utile à notre survie, puisqu’il est destiné à nous préparer à affronter les difficultés. Mais s’il devient envahissant, il nous paralyse.

Il est donc important de bien distinguer notre situation réelle actuelle de ce qui pourrait nous arriver. Et si nous faisons cet exercice, nous constatons la plupart du temps, qu’aujourd’hui, à cet instant, notre situation est acceptable. Si nous constatons qu’elle ne l’est pas, avoir dédramatisé les faits nous met dans une meilleure disposition mentale pour tenter de régler le problème.

Ne pas se tromper sur les responsabilités

De plus, si notre situation est dure et que nous ne nous sentons pas bien, nous sommes nombreux à avoir tendance à culpabiliser. Cela rajoute de la souffrance à la douleur engendrée par la mauvaise passe où nous nous trouvons. C’est là qu’il est important de ne pas se tromper sur les responsabilités. Vous n’êtes ni responsable et encore moins coupable de la situation mondiale actuelle. Vous en êtes juste victime, comme des millions d’autres gens. La situation est ce qu’elle est, et vous ferez ce que vous pouvez avec. Soyez bienveillant envers vous même.

Regarder nos émotions.

D’un point de vue évolutif, nos émotions existent pour nous aider à survivre. C’est donc une erreur de les ignorer ou de les réprimer. Une fois que vous avez clairement établi où vous en êtes dans les faits, penchez-vous sur vos émotions. Que ressentez-vous ? Qu’est-ce qui a causé cette émotion ?

Considérez que chacune de vos émotions a une fonction, et un message pour vous.

Les messages des émotions désagréables

  • la colère vous informe que vos besoins, vos limites ou vos valeurs ne sont pas respectées. Elle est là pour vous inciter à faire en sorte qu’elles le soient.
  • la peur vous dit « voilà ce qui pourrait arriver si tu ne fais pas ce qu’il faut pour l’éviter. » La peur peut-être paralysante. Rendez-vous ici pour apprendre comment l’apprivoiser.
  • la tristesse vous impose de diminuer l’attention que vous portez à l’extérieur, et de vous concentrer sur vous-même. Elle facilite l’introspection et a pour but, à terme, de vous rendre disponible pour un renouveau dans votre vie.
  • le dégoût vous incite à rejeter cette chose qui est mauvaise pour vous.

Pour vous guider, tenez compte aussi des émotions agréables :

  • la surprise nous rend attentif et ouvert à ce qu’il se passe autour de nous.
  • l’espoir nous projette vers l’avenir et nous propose de nous lancer, d’étendre nos connaissances et nos expériences.
  • la confiance nous dit que nous sommes en sécurité, que tout se déroulera comme nous l’espérons, et nous permet de croire en nos capacités de réussir.
  • et enfin, la joie nous dit « Tu as réussi ! Continue à faire des choses comme ça pour avoir encore de la joie. »

En tenant compte de vos émotions, vous serez en mesure d’agir sur ce qui est essentiel pour améliorer votre situation.

Comment aller bien quand le monde va mal : l’importance du lien social.

Le lien social, particulièrement mis à mal pendant cette crise, nous est profondément nécessaire. A mon avis, il est aussi nécessaire à notre équilibre que dormir, manger ou respirer. Il est si important qu’il influence notre état de santé à long terme. Des études scientifiques ont démontré le lien entre les relations sociales et le bien-être physique (obésité abdominale, inflammation, hypertension artérielle, les maladies cardiaques, les AVC et les cancers.)

Elles ont également démontré son importance à chaque étape de la vie, dans la santé physique et mentale. En effet, nous sommes génétiquement programmés pour être en relation avec nos semblables, et être privés de ce lien est loin d’être anodin. A l’inverse, nos relations contribuent à réduire notre niveau de stress, nous confèrent un sentiment d’appartenance et donnent du sens et un but à nos vies

Donc, si vous déprimez, demandez-vous si vous ne souffrez pas tout simplement de solitude.

Si c’est le cas, il est indispensable de commencer à rechercher le contact (dans le respect des gestes barrière bien sûr). J’en conviens, c’est bien plus difficile à l’heure actuelle, mais il reste quelques solutions. Certaines sont très bien analysées par Barbara Fredrickson dans son livre Love 2.0.

Sortez. Souriez à la caissière. Téléphonez à vos amis ou au papi du bout de la rue qui doit se sentir bien seul lui aussi. Rendez des services à vos voisins. Dites simplement « bonjour » quand vous arrivez quelque part et soyez ouverts aux conversations, même les plus anodines. Cherchez toutes les occasions d’échanger un peu ou d’agir pour les autres, ou avec les autres.

Maîtriser son environnement.

Imaginez. Vous êtes impuissant, soumis aux caprices d’un fou, ou d’un destin insensé. Les films d’horreur ont souvent recours à ce stratagème en raison des émotions violentes qu’il suscite.

Sans aller à de pareilles extrémités, avoir simplement l’impression d’être « coincé », et de ne rien pouvoir y faire, est très mauvais pour le moral. On a l’impression qu’on ne contrôle pas sa vie. Dans son livre La Vie Intérieure, Christophe André explique qu’on peut ainsi acquérir une posture mentale de résignation face à la vie, voire même de désespoir.

Comment faire ?

Pour aller bien quand le monde va mal, il est nécessaire de développer la conviction qu’on peut agir sur le monde à notre niveau. Il ne s’agit pas d’attendre de trouver la solution miracle, mais plutôt de mettre en place tout de suite des actions à notre échelle, qui vont dans la bonne direction. Et n’oublions pas d’apprécier ce que nous avons accompli.

Remettre les choses en ordre

Dans un premier temps, on peut choisir de ranger son logement, de se mettre à jour dans ses papiers, de finir toutes les tâches qu’on a laissé traîner. Cela donne déjà un premier niveau de satisfaction.

Se donner des objectifs

On peut obtenir un second niveau de satisfaction en se fixant des objectifs personnels, et en mesurant ses progrès par la suite. Par exemple apprendre une langue ou un instrument, améliorer ses performances sportives, construire une cabane, faire du jardin, etc.

Ces actions amélioreront sans aucun doute notre moral. Mais leur revers, c’est qu’elles sont centrées sur nous mêmes et notre petit univers. Nous pouvons avoir l’impression de nous replier sur nous mêmes, de nous rouler en boule pour hiberner et laisser passer l’orage. C’est une solution temporaire plus ou moins acceptable selon notre âge. Mais hiberner ainsi, ce n’est pas vivre. Pour vivre, nous avons aussi besoin de nous situer dans le monde, d’y avoir une place et d’agir sur lui.

Agir sur le monde

Certes, nous sommes chacun une personne sur 7 milliards, et cela peut nous donner l’impression que ce que nous faisons n’a aucune importance. Et pourtant, si votre action du jour touche 2 personnes, que le lendemain, ces deux personnes à leur tour agissent chacune pour deux autres personnes, et que chacune poursuit ainsi, au bout d’une semaine, votre action aura changé la vie de 128 personnes. En un mois, ce sera le cas de plus d’1 milliard 73 millions de personnes. Et au bout d’un an, ce sera plus de personnes qu’il n’y a d’étoiles dans la voie lactée ! Ça vaut le peine de s’y mettre, non ?

Identifiez une chose qui compte pour vous, une chose qui vous met en colère, ou au contraire, qui vous met en joie. Et mettez en place à chaque occasion une petite action qui va dans le bon sens. Par la suite, peut-être pourrez-vous vous joindre à un groupe de gens pour une action commune ? Cela vous donnera encore davantage de motivation et de force, et une identité affirmée en tant qu’habitant d’un monde où vous avez votre place et votre rôle à jouer.

Conclusion : pour aller bien quand le monde va mal, n’attendez pas que ça aille bien !

« Je serai heureux quand tout sera revenu à la normale. Je serai heureux quand j’aurai un CDI, quand je serai en couple, ou quand j’aurai un enfant. Ou quand j’aurai davantage d’argent, quand j’aurai résolu tous mes problèmes… » Quelle erreur ! Nous devons malheureusement regarder en face le fait qu’il y aura toujours des problèmes, que la vie n’est parfois qu’une succession de difficultés, et que le monde va toujours plus ou moins mal quelque part.

Mais nous sommes armés pour faire face à cela. L’évolution des humains, comme celle des autres êtres vivants, n’a été que la mesure de notre capacité à résoudre les problèmes : la faim, le froid, les prédateurs etc. Nous avons développé, en nous et en groupe, des ressources qui nous permettent de vivre et de survivre quand la situation est difficile. Apprenons à les utiliser au mieux face aux difficultés d’aujourd’hui.

Certes, il est plus aisé d’être heureux quand la vie est plus facile. Profitons bien sûr autant que possible de ces moments privilégiés. Mais sachons aussi cultiver notre bonheur dans les interstices des problèmes de notre vie. Il n’est est souvent que plus savoureux. Et surtout, c’est vital pour entretenir notre équilibre mental et physique face à l’adversité.

Cultivez l’éclat de rire entre deux réunions en ligne stressantes. Ou le petit mot gentil à un collègue fatigué. Ou votre capacité à vous émerveiller devant de petites choses. Cultivez la douceur, la tendresse, la bienveillance, la générosité. Bref, toutes ces choses qui font de nous des êtres vraiment humains.

Si vous voulez d’autres idées pour embellir votre vie dans la période délicate que nous vivons actuellement, visitez mon blog ici.