Comment maîtriser les émotions ?

Comment maîtriser les émotions ?

08/01/2020 1 Par Stéphanie

Un mouvement de colère qui coûte cher ? Une peur qui empêche d’avancer ? Une tristesse qui s’installe et sape notre tonus ? Ou des émotions confuses qui vampirisent notre énergie ? Si vos émotions vous pourrissent la vie, découvrez ici que vous pouvez en faire un atout. Voici comment maîtriser les émotions.

Deux approches, deux erreurs.

Quand on a le sentiment d’être dépassé par nos émotions, nous pouvons les réprimer ou les laisser exploser.

Si on choisit de laisser l’émotion exploser, ça nous permet de libérer la tension générée par l’émotion. Toutefois, on se retrouve à avoir fait ou dit des choses souvent difficiles à assumer par la suite. On ne compte plus les faits divers qui ont la colère pour cause, par exemple.

C’est ce qui explique que, depuis notre enfance, on nous affirme qu’il faut « savoir se tenir », c’est-à-dire avoir assez de maîtrise de soi pour ne pas laisser paraître nos émotions. Nous apprenons à ne laisser paraître que celles qui sont socialement acceptables, et à les manifester de manière convenable, comme sauter de joie quand vous revoyez votre Tata ou verser une larme discrète à un enterrement.

De ce discours, nous apprenons en général qu’il faut maîtriser les émotions, ce qui signifie les dominer, et nous cessons en grande partie de les exprimer.

Mais réprimer ses émotions est peut-être plus toxique pour nous que les laisser exploser. Les émotions provoquent la libération d’hormones dans notre flux sanguin qui ont des effets sur des fonctions corporelles comme, par exemple, la pression sanguine ou les battements de cœur. Plus le processus se produit souvent et intensément, plus nous détruisons notre santé. On en vient à prendre des médicaments pour supprimer nos émotions ou leurs manifestations.

Et en plus, on en rajoute !

Une émotion ne dure pas plus de quelques minutes dans le corps. Et pourtant, elles nous envahissent l’esprit souvent pendant des heures, des semaines et même des mois. Comment font-elles pour se prolonger comme ça ?

En fait, nous croyons maîtriser les émotions, mais sans nous en rendre compte, nous les aidons à durer. Quand nous avons vécu une émotion, et surtout lorsque nous l’avons réprimée, nous y repensons, nous revivons la scène dans notre imagination, nous revenons sur ce qui l’a provoquée, et surtout sur qui est responsable. Bref : nous ruminons.

Ce faisant, nous ajoutons à notre émotion toute une construction mentale, ce qui la transforme en sentiment. Le sentiment est beaucoup plus durable que l’émotion. Il peut durer des années, voire toute une vie, tant qu’il est entretenu.

Faisons la paix avec nos émotions.

Quand nos émotions nous mettent des bâtons dans les roues, on oublie une chose essentielle : elles existent pour nous aider et nous protéger. Elles ont un rôle primordial qui est d’assurer notre survie.

Imaginez-vous incapable de ressentir de la peur. Vous croyez que cela ferait de vous un super-héro ? Sans peur, vous n’éviteriez jamais aucun danger. Autant dire que vous seriez déjà mort.

Voici les trois étapes préliminaires indispensables pour faire la paix avec vos émotion :

1.Reconnaissez la légitimité de vos émotions.

Au lieu de maîtriser les émotions à tout prix en se crispant pour tenter d’en garder le contrôle, la première chose à faire, c’est de les reconnaître comme légitimes. Si je ressens de la colère, de la tristesse ou du dégoût, c’est pour une bonne raison. J’ai donc le droit de ressentir cela. Autorisez votre émotion à exister.

2. Observez ce que l’émotion fait à votre corps.

Lorsque vous sentez monter une émotion, prenez le temps de respirer et observez ce qu’il se passe dans votre corps. Votre cœur bat-il plus vite ou plus fort ? Vos jambes sont-elles glacées ou au contraire, ont-elles envie de bouger ? Où ressentez-vous de la chaleur ? Quelles parties de votre corps sont activées ou inactivées par l’émotion ? Une équipe de chercheurs finlandais ont publié en 2013 la première cartographie des émotions. Vous pouvez comparer votre ressenti corporel à leur carte.

3. Nommez votre émotion.

Une fois que vous avez clairement conscience des effets de votre émotion sur votre corps, vous pouvez la nommer. Pour vous y aider, je vous invite à consulter la classification de Plutchik qui a établi la roue des émotions primaires ci-dessous.

Roue des émotions selon Plutchik

Il a également établi une liste d’émotions secondaires qui combinent deux émotions primaires. Cette liste est disponible en anglais ici. Par exemple, l’amour est une combinaison de joie et de confiance, la jalousie combine la colère et la tristesse.

Écouter le message de nos émotions à notre corps.

Les émotions provoquent des réactions physiologiques qui ont pour but de préparer notre corps à une certaine action : courir pour fuir, frapper, crier, pleurer ou sauter de joie. Comme nous l’avons vu, extérioriser votre émotion n’est pas toujours socialement acceptable, donc nous la réprimons.

Si nous voulons que nos émotions ne nous nuisent pas, il ne faut pas ignorer leur composante physique. C’est pourquoi il vous sera profitable d’aller courir si vous avez eu peur, par exemple, ou d’aller vous cacher dans les toilettes pour crier (en silence, juste avec votre souffle), ou de frapper un coussin etc. Faites ce que votre émotion vous demande, mais dans un endroit et d’une manière qui ne vous nuira pas. Cela permettra à votre corps de revenir à son état d’équilibre plus rapidement.

Écouter le message de nos émotions à notre esprit.

Après votre retour au calme, commencez à analyser ce que votre émotion essaye de vous faire passer comme message. Et ce message n’est pas « mon patron est un crétin ! ». Si votre patron a été odieux avec vous, certes, il est responsable de son acte, mais vous seul êtes responsable de votre émotion. Votre émotion vous parle uniquement de vous et de vos besoins.

Si vous croyez que l’autre est responsable de votre émotion, vous vous privez de votre responsabilité, de votre liberté et de votre pouvoir sur votre propre vie. En plus, vous mettez une énorme pression sur l’autre que vous rendez responsable de votre niveau bonheur. Alors que si vous essayez de comprendre ce que votre émotion vous dit de vous, vous avez le pouvoir de changer les choses pour vous-même.

Chacune de vos émotions vous révèle un besoin que vous avez, et qui n’est pas comblé. Demandez-vous donc ce dont vous avez besoin. Avez-vous besoin que vos valeurs soient respectées ? Dans ce cas, vous avez sans doute ressenti de la colère. La peur vous parle du besoin d’anticiper un danger pour vous préserver. La tristesse vous demande de vous préparer à un nouveau chapitre de votre vie où vous allez vous ouvrir à de nouvelles choses. Chaque émotion a un message spécifique à vous donner.

Si vous ignorez son message, l’émotion se représentera à vous encore et encore. Votre corps s’habituera à libérer les hormones correspondantes et il le fera de plus en plus facilement et rapidement. Vous aurez l’impression de devenir hypersensible, ou hyper réactif. Si cela dure longtemps, vous aurez peut-être l’impression que c’est votre humeur, ou même votre caractère qui détermine cela. Alors qu’en fait, ces émotions font référence à un besoin, un manque ou une blessure affective que vous devez combler.

Comment maîtriser ses émotions ? En bref…

Maîtriser ses émotions, ce n’est pas les contrôler ou les réprimer. Au contraire, les maîtriser, c’est apprendre à vous en servir de manière constructive. En résumé :

  1. Quand l’émotion monte, prenez un temps pour respirer.
  2. Observez ce que l’émotion fait dans votre corps.
  3. Nommez votre émotion.
  4. Déchargez-la physiquement.
  5. Cherchez à comprendre son message.
  6. Mettez des actions en place pour combler le besoin qu’elle vous a désigné.

La joie est l’émotion qui vous sert de boussole : c’est l’émotion qui vous récompense d’avoir réussi à combler vos besoins, et elle vous encourage à continuer. C’est une force qui nous pousse à faire des choses constructives pour rechercher des expériences positives ou progresser vers un objectif défini.

Je vous souhaite donc beaucoup de joie.

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Image Gerhard Gellinger Pixabay.