La tristesse, à quoi ça sert ?

La tristesse, à quoi ça sert ?

26/06/2021 0 Par Stéphanie

La tristesse est une douleur morale qui envahit notre conscience et qui nous empêche d’apprécier la vie. Cette émotion est si envahissante et si pénible que lorsqu’elle nous gagne, on a juste envie de lancer un appel à l’aide. Nous avons vu dans le dernier article comment elle agit dans notre corps et à quel point elle est coûteuse pour nous physiquement. Et pourtant, comme toutes nos émotions, la tristesse est là pour nous aider à vivre. Alors la tristesse, à quoi ça sert ?

Je suis triste, donc je me consacre à l’introspection

Pendant qu’on est triste, nous mettons notre vie sociale et notre corps au ralenti. Mais notre activité mentale augmente. Une étude a montré que, lorsqu’on est triste, la communication neuronale augmente entre la partie de notre cerveau consacrée à la mémoire et celle consacrée aux émotions.

Les souvenirs nous envahissent, on pense aux conséquences, on réfléchit à des solutions, on consacre beaucoup d’énergie à l’introspection, et parfois à des pensées envahissantes. On dort peu. Le cerveau travaille plus, et sa demande en glucose augmente, ce qui peut entraîner des troubles alimentaires.

Mais ce repli coûteux sur nous-mêmes nous permet de diminuer l’attention qu’on consacre à l’extérieur pour nous concentrer sur soi. Elle ralentit notre activité motrice et psychologique et focalise l’énergie sur la réflexion et les prises de conscience.

Je suis triste, donc j’appelle à l’aide mon entourage

Cette activité mentale importante et douloureuse accumule beaucoup de tension en nous. Lorsqu’elle atteint un certain niveau, on commence à avoir envie de pleurer. Les larmes permettent de soulager cette tension. Pleurer entraîne la sécrétion d’endorphines qui nous détendent. Les larmes diminuent de 40 % l’intensité de la tristesse ou de la colère. Mais elles ont aussi une autre fonction bénéfique.

La tristesse, et les larmes en particulier, on un rôle social. Elles permettent d’exprimer un désarroi dont l’intensité ne permet pas l’usage des mots. La réduction de la taille des pupilles est également un signal de l’intensité de notre tristesse qui agit inconsciemment sur notre entourage.

La tristesse sollicite ainsi des comportements de soutien de la part de nos proches. Nous bénéficions alors d’un environnement plus sécurisant qui facilite l’introspection.

Je suis triste, donc j’ai meilleure mémoire

La tristesse développe notre capacité à remarquer les détails et à nous en souvenir avec précision. Elle permet également de se laisser moins influencer par des questions biaisées ou des informations fausses.

Je suis triste, donc j’ai un meilleur jugement

La tristesse favorise un jugement plus impartial, et diminue notre propension à sombrer dans des biais cognitifs tels que l’erreur fondamentale d’attribution et l’effet de halo.

L’erreur fondamentale d’attribution est la tendance à surestimer les facteurs personnels (tels que la personnalité) pour expliquer le comportement d’autres personnes et à sous-estimer les facteurs conjoncturels. Et l’effet de halo se produit quand la perception d’une personne ou d’un groupe est influencée par l’opinion que l’on a préalablement pour l’une de ses caractéristiques. Par exemple, une personne de belle apparence physique sera perçue comme intelligente et digne de confiance. L’effet de notoriété est aussi un effet de halo.

Je suis triste, donc je puis plus persévérant(e)

Des expériences ont montré que si l’on demande à des personnes tristes de réaliser une tâche intellectuelle difficile, elles fournissent plus d’efforts et persévèrent plus longtemps que des personnes joyeuses. Elles donnent également plus de bonnes réponses.

Je suis triste, donc je communique mieux

Les personnes tristes utilisent de meilleurs arguments que les autres pour convaincre leurs interlocuteurs , comprennent mieux des phrases ambiguës et leur communication verbale est plus efficace.

Je suis triste, donc je traite les autres plus justement

Les personnes tristes prennent davantage en compte les normes sociales et traitent les autres avec moins d’égoïsme et plus d’équité.

A quoi ça sert, la tristesse, conclusion

La tristesse est l’émotion la plus désagréable, mais elle est certainement aussi la plus riche et la plus complexe. Elle paralyse presque notre corps et nous oblige à nous retirer en nous-mêmes. Mais elle nous donne également des capacités essentielles pour trouver nos solutions à des situations difficiles et douloureuses. Elle nous permet de nous recentrer et nous murmure « sois disponible à un renouveau. » Dans le prochain article, nos verrons comment faire pour intégrer son message, et ainsi sortir de la tristesse.

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Photo par – Pixabay