Ce que la tristesse fait à notre corps

Ce que la tristesse fait à notre corps

22/06/2021 0 Par Stéphanie

Ceci est le premier article d’une série consacrée à la tristesse. Je me concentre ici sur les effets de la tristesse sur le corps. C’est sans doute le sentiment le plus désagréable de tous. On la craint et on fait souvent tout pour l’éviter ou la fuir. Mieux la connaître permet de la vivre un peu moins douloureusement. Et surtout, de comprendre son utilité et de nous ouvrir au message vital qu’elle nous adresse. Donc ici, pour commencer, regardons ce que la tristesse fait à notre corps.

Comment la tristesse agit sur mon corps

En 2013, des chercheurs finlandais ont publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences la première carte corporelle des émotions.

Ils ont recensé les parties du corps dans lesquelles les sensations étaient les plus fortes à la suite d’un stimulus choisi pour générer une émotion. Voici la représentation qu’ils ont établie.

Localisation des motions dans le corps

Certaines zones du corps sont stimulées par l’émotion alors que d’autres sont inactivées. On observe par exemple que la joie stimule toutes les parties du corps. Alors que la tristesse inactive les membres et agit faiblement sur le thorax.

La tristesse se manifeste dans le corps par

  • une posture et des traits affaissée,
  • une absence de tonicité,
  • une pâleur et une froideur de la peau due à une vasoconstriction,
  • le ralentissement du cœur et de la respiration
  • et la diminution de la taille des pupilles.
  • Elle s’accompagne d’une sensation de manque d’énergie,
  • gorge nouée,
  • cœur serré,
  • membres glacés qui ne vous portent plus,
  • et parfois de larmes.

La tristesse active le système nerveux autonome, notamment la branche parasympathique. C’est elle qui est en charge de la diminution du rythme cardiaque et respiratoire, de la détente musculaire, du fonctionnement digestif. Cela entraîne une perte d’appétit et diminue aussi notre vitalité et notre appétit sexuel.

Lorsque nous sommes tristes, notre niveau de sérotonine baisse et les hormones du stress augmentent. Ceci perturbe le sommeil et augmente l’anxiété. Des neuromédiateur, les enképhalines, viennent à manquer. Les enképhalines sont des opioïdes endogènes, c’est-à-dire produits par notre corps, dont la fonction est d’éviter la propagation de messages douloureux jusqu’au cerveau. Ils modulent aussi la quantité de dopamine produite, c’est-à-dire qu’il intervient dans la variation de l’intensité du plaisir. Ainsi, la tristesse permet à la douleur d’envahir le cerveau et réduit notre capacité à trouver du plaisir.

La tristesse, combien de temps ça dure ?

Quand la tristesse nous envahit, on a l’impression que ça va durer pour l’éternité. En réalité, les émotions ont des durées courtes, de l’ordre de quelques minutes pour la plupart. La honte dure environ 30 minutes, la colère met environ 24 heures à se dissiper. La tristesse est l’émotion la plus durable, avec 48 heures d’impact physique.

Néanmoins, les émotions peuvent être entretenues de manière bien plus durable si on se trouve en situation où elles sont réactivées sans cesse. Par exemple dans le cas d’un couple dysfonctionnel. Ou lorsque l’on ressasse sans cesse le souvenir de l’évènement qui a déclenché l’émotion physiologique. La rumination constitue le principal moyen de faire durer une émotion, et de la transformer en sentiment persistant. Or, la tristesse, en diminuant le niveau de sérotonine, favorise la rumination. Il s’agit donc de ne pas se laisser piéger par cette tendance.

Comment la tristesse peut rendre malade

Je suis triste, donc je prends moins soin de moi

La tristesse réduit l’activité physique, diminue le sommeil et favorise les troubles alimentaires. En effet, la tristesse a tendance à couper l’appétit. Mais l’activité accrue du cerveau peut également pousser vers des aliments riches et sucrés. En effet, une publication datant de 2013 dans la revue Plos One montrait que, lorsque nous sommes tristes, nous avons un goût accru pour les saveurs sucré, amer et acide. Cette même étude a montré que les personnes tristes choisissent des aliments de moins bonne qualité nutritionnelle, comme du fast food par exemple.

La modification de ces comportements ont des effets délétères sur la santé :

  • perte ou prise de poids,
  • diminution de la masse musculaire
  • dégradation de l’état de santé général.

Je suis triste, donc je stresse

Si la tristesse se prolonge au-delà des 48 heures de réaction physiologique normale, des hormones du stress vont maintenir une concentration trop importante dans le flux sanguin. Le cortisol, notamment, affecte la pression sanguine, le taux de sucre dans le sang et le système immunitaire. Il favorise aussi un état inflammatoire généralisé.

Le cortisol, produit par les glandes surrénales, facilite également le stockage de graisse abdominale afin de réserver de l’énergie au cas où il serait nécessaire de produire à nouveau de l’adrénaline massivement. Or cette graisse abdominale favorise le diabète, les maladies cardiovasculaires et les cancers.

Si la situation dure trop longtemps, les glandes surrénales s’épuisent. Le cortisol peut venir à manquer, laissant votre organisme épuisé, en burn out ou avec un syndrome de fatigue chronique.

Syndrome du cœur brisé

Parfois, quand on ressent une très forte émotion, comme le décès d’un proche, on peut avoir l’impression que cela nous brise le cœur, ou que notre cœur explose. C’est effectivement le cas pour environ 3000 personnes en France chaque année. Le syndrome du cœur brisé ou syndrome Takotsubo déforme le ventricule gauche du cœur sous l’effet d’une émotion intense, ce qui ne lui permet plus d’assurer sa fonction.

Ce que la tristesse fait à mon corps, conclusion

La tristesse réduit l’activité du corps, et permet à la douleur d’envahir notre cerveau. Elle associe l’activation du système nerveux parasympathique (le frein du corps) à la présence d’hormones du stress, ce qui est très coûteux pour le corps. Cela peut mener à des problèmes de santé si la situation se prolonge.

Pourquoi donc avons-nous développé une telle émotion ? Quel service une émotion aussi douloureuse peut-elle bien nous rendre qui vaille que l’évolution l’ait conservée ? C’est ce que nous découvrirons dans le prochain article !

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Image par Nok Nakorn – Pixabay